Présidée par Clara Brugada Molina, Présidente de l’OIDP et maire d’Iztapalapa (Mexique), cette table ronde a réuni des élus locaux du monde entier : Adela Román Ocampo, Maire de Acapulco (Mexique) ; José Manuel Ribeiro, Maire de Valongo (Portugal) ; Calisto Moises Cossa, Maire de la ville de Matola (Mozambique) ; Maria Helena Correia, Maire de Mandlakazi (Mozambique) ; Esperance Mwamikazi Baharanyi, Maire de la commune de Luhwindja (République Démocratique du Congo) ; Imen Ouerdini, Vice Maire de Sousse (Tunisie) ; Pascal Clouaire, Vice-maire de Grenoble (France) ; Edson Santos, Vice-président d’Águeda (Portugal) ; André Viola, Président du conseil départemental de l’Aude (France) ; José Fajardo, Gustavo Duche, Conseillers de Cuenca (Equateur). Cette session a été modérée par Marc Serra, Secrétaire général de l’OIDP et Conseiller pour les Droits de Citoyenneté, la Participation, la Justice Globale du Conseil Municipal de Barcelone (Espagne).
Marc Serra a posé les questions suivantes : comment faire pour que cette méfiance ne soit pas instrumentalisée et profite à la droite ? Que pouvons-nous faire, en tant que gouvernements locaux, pour que la citoyenneté puisse à nouveau confier en la démocratie ?
Imen Ouerdini a indiqué qu’en 2014, une nouvelle Constitution a été votée en Tunisie. Un article oblige le corps électoral à inclure les jeunes, il s’agit d’un principe de parité et d’égalité - pas seulement de genre mais aussi d’âge -. Une personne sur quatre a moins de 34 ans en Tunisie. "C’est grâce à ce cadre juridique, que j’ai pu devenir adjointe au maire". Il s’agit là d’un exemple de matérialisation d’une demande concrète du mouvement populaire. Cette inertie qui a mené à l’adoption d’une nouvelle Constitution se maintient à travers un mouvement initié par les jeunes qui se caractérise par leur “état de conscience” afin de faire perdurer le mouvement. Les jeunes intègrent pleinement la vie politique.
Pour Maria Helena Correia, afin de résoudre ce problème, il est nécessaire d’inclure les priorités des jeunes, femmes et enfants à travers une plateforme transparente qui ne laisse pas de doute quant à ce qui a été réalisé. Il s’agit d’un processus similaire à l’environnement familial. "En effet, les solutions rencontrées doivent être décidées et mises en oeuvre consensuellement, personne ne doit se sentir exclus du processus du gouvernement. Chacun est responsable de ce qui se passe dans la ville."
Pour Calisto Moises Cossa cette question du divorce entre les citoyens et la politique est cruciale. Un politique doit être élu pour son mérite, il ne doit pas s'imposer aux citoyens. Le politique doit être un individu résultat du consensus et qui produit du consensus. Un politique ne peut pas être un homme d’affaire en même temps, la politique existe pour servir et non pas pour se servir, expliqua-t-il. "Aujourd’hui nous parlons de crise économique mais nous avons besoin de ressources, les collectivités locales font partie de cette chaîne économique". De même, il est nécessaire que la politique instaure des voies permettant aux femmes d’occuper plus de responsabilités, a conclu-t-il.
Pascal Clouaire s’est demandé comment Grenoble a-t-elle pu affronter la charge de la droite ? A Grenoble, l’extrême droite n’est pas présente, il s’agit d’une ville profondément de gauche et écologiste, nous n’avons pas eu à lutter contre l’extrême droite au niveau de notre ville contrairement au niveau national ou européens.
"La démocratie est un outil dans la mesure où nous récupérons la confiance des citoyens, et qu’eux décident de s’intéresser à la participation et à la démocratie participative."
"Les politiques doivent accepter de perdre du pouvoir et accepter les expérimentations et reconnaître leurs erreurs."
Pour André Viola nous avons été alertés de la montée de la droite, où il y a une conception très verticale du pouvoir. Pendant la “crise des gilets jaunes”, le président s’est déclaré seul face à la critique. Cette crise a débuté en raison de la hausse des prix de l’essence. C’est un défi aussi pour la gauche. "Comment la collectivité locale peut-elle agir ?" Permettant de créer une conscience du global au local, la démocratie participative peut être un outil, expliqua-t-il.
Comme l’a indiqué José Manuel Ribeiro, les politiques de gauche et de droite doivent accorder de l’importance à la démocratie, pas seulement la gauche. "Il faut affronter l’extrême droite et la combattre sans peur et de façon informée, nous ne pouvons pas maintenir l’ignorance, c’est avec l’éducation civique, l’extrême droite exploite le populisme et se construit sur les peurs, la seule façon est de lutter."
Pour José Fajardo il faut renforcer la démocratie participative, il faut promouvoir le fait que les gens font aussi partie des décisions. En effet, en Equateur, il est dit qu’il n’y a rien de pire qu’un gouvernement ne permet pas la tenue d'assemblées locales, c’est une menace à la démocratie.
Si la démocratie formelle signifie de ne pas se préoccuper des problèmes sociaux, cela n’est pas suffisant. Selon Clara Brugada Molina, nous devons reprendre l’historique des problèmes sociaux et accompagner les gens dans leur lutte devant les gouvernements fédéraux et fédérés.