Comment s'assurer que l'IA est au service de la démocratie et non l'inverse ? Des gouvernements locaux et des experts ont partagé leurs expériences lors de notre webinaire.
Le 21 mars 2025, l'Observatoire International de la Démocratie Participative (OIDP) a co-animé un webinaire intitulé « Intelligence artificielle et démocratie locale : De quoi parlons-nous ? », en collaboration avec la Commission inclusion sociale, démocratie participative et droits humains de Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU-CISDPDH), l'Alliance Internationale des Habitants (AIH), le projet PHOENIX/CES - Université de Coimbra, et l'Association Internationale des Facilitateurs (AIF). Cette session a réuni des experts, des gouvernements locaux et des représentants de la société civile afin d’analyser le rôle de l’IA dans la gouvernance démocratique, la participation citoyenne et la protection des droits humains.
La session a été ouverte par Adrià Duarte, coordinateur de l’OIDP, qui a lancé le débat avec une question clé : « L’IA transforme la gouvernance – comment s’assurer qu’elle renforce la démocratie sans la fragiliser ? L’IA doit être au service de la démocratie, et non l’inverse ».
Préparer le terrain pour la Conférence de l’OIDP 2025 à Córdoba
Juan Domingo Viola, secrétaire à la participation citoyenne de la Ville de Córdoba, en Argentine—ville hôte de la prochaine Conférence de l’OIDP 2025— a souligné la pertinence de ce débat comme une étape clé dans l’élaboration du programme annuel de l’OIDP : « Connecter, Intégrer et Humaniser : Les villes face au défi de générer de la communauté ».
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Définir le débat : L’IA comme impératif politique et éthique
Flavia Marzano, experte en intelligence artificielle et dans le gouvernement ouvert en Italie, a délivré un message clair : l’IA n’est pas neutre. Elle a présenté la stratégie européenne en matière d’IA comme une avancée majeure vers une régulation éthique, tout en alertant sur les biais persistants—genrés, raciaux, socio-économiques, liés à l'âge ou au handicap—que les systèmes d'IA peuvent perpétuer.
« L'IA et la démocratie doivent aller de pair pour donner plus de pouvoir aux citoyen.ne.s. ».
Marzano a insisté sur la nécessité de réduire la fracture numérique, de promouvoir la maîtrise de l’outil informatique et de construire des cadres éthiques—en particulier dans les processus participatifs.
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Quelle démocratie à l’ère de l’IA ?
Michelangelo Secchi, chercheur et collaborateur de l’OIDP, a partagé une réflexion approfondie sur la présence omniprésente de l'IA dans nos environnements délibératifs. Il a rappelé aux participants que l’IA est « partout, tout le temps », soulevant ainsi la question de la gouvernance transparente d’un système hybride et opaque.
« La ‘qualité’ de l’IA est notre ‘quoi’ lorsqu’on passe à l’action. »
Secchi a exploré comment les grands modèles de langage (LLMs) pourraient être utilisés pour synthétiser les débats, assister la modération et élargir les réseaux civiques, mais il a également mis en garde contre les risques d’exclusion et de perte de pouvoir des citoyen.ne.s.
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Pratique locale en Suède : L’IA dans la planification urbaine participative
Ulrika Sjöberg et Andreaz Strömgren, représentants de la Ville de Sundsvall, ont présenté un exemple concret d’utilisation de l’IA pour soutenir les dialogues de planification urbaine avec les habitants.
L’IA a permis de synthétiser de grandes quantités de données, mais ils ont averti contre une dépendance excessive aux outils génératifs, qui pourraient inventer du contenu ou ignorer les subtilités humaines.
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Éthique et facilitation : Le rôle de la médiation humaine
Gerardo de Luzenberger, de l’Association internationale des facilitateurs (AIF), a rappelé que l’IA n’est qu’un outil—comme l’étaient autrefois les post-it. Mais son utilisation doit être intentionnelle.
« Il faut se demander comment l’IA aide ou entrave la facilitation. Et ces questions deviennent encore plus urgentes là où la démocratie est menacée ».
L’IA et le droit au logement
Cesare Ottolini, de l’Alliance Internationale des Habitants, a mis en garde contre le rôle de l’IA dans l’aggravation des inégalités urbaines, notamment par la hausse des loyers et la spéculation immobilière. Il a plaidé pour la création d’une plateforme démocratique mondiale réunissant société civile, autorités locales et ONU pour co-développer des outils éthiques.
« Si nous laissons l’IA décider, il n’y aura plus de démocratie participative. »
Conclusion : Un défi collectif
Le webinaire a clairement montré que l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la démocratie locale n’est pas seulement un enjeu technique, mais aussi un défi politique, éthique et lié aux droits humains. Alors que nous nous dirigeons vers la Conférence de l’OIDP 2025 à Córdoba (21–23 mai), la communauté de l'OIDP s’engage à poursuivre cette conversation, en veillant à ce que l'IA soit au service des citoyens—et non l'inverse.