Canada
Ville de Montréal
01-11-2018
15-06-2020
Le 15 juin 2020, le rapport sur le racisme et la discrimination systémique a été lancé après 15 mois de travail
La consultation vise à dresser un portrait de la situation du racisme systémique, à stimuler la contribution des citoyens afin d'identifier des solutions et des initiatives politiques concrètes pour la Ville de Montréal.
La commission chargée de la consultation a visité 16 des 19 arrondissements de Montréal. Sur les 7 000 participants, plus de 1 000 personnes ont partagé leurs réflexions et proposé des solutions concrètes. Parmi elles, on retrouve des simples citoyens, des fonctionnaires de la Ville ou des arrondissements, des représentants d'organismes, des chercheurs universitaires, des experts de divers horizons qui, toutes et tous, ont alimenté pendant près de quinze mois les travaux de la commission.
En mars 2018, un collectif de citoyens a lancé une pétition demandant à la ville d'organiser une consultation publique sur le racisme et la discrimination systémiques. Il s'inquiète de l'absence de politique municipale pour lutter contre le racisme et la discrimination systémiques, du manque de représentation politique des minorités raciales et des autochtones, de la disparité raciale en matière de chômage et de pauvreté et de la criminalisation disproportionnée dans le système judiciaire municipal.
En juillet 2018, l'Office de Consultation Publique de Montréal a reçu une demande de consultation publique sur le racisme et la discrimination systémiques, suite à la validation de plus de 16 700 signatures en vertu du "droit d'initiative" reconnu par la Charte Montréalaise. À cette époque, la Ville de Montréal ne disposait pas d'une compilation de ses interventions liées à la lutte contre le racisme et la discrimination. Le comité s'est appuyé sur différentes techniques : panels de spécialistes, activités contributives dans les milieux de vie, échanges avec les responsables de l'administration municipale, opinions orales et écrites pour faire émerger un état des lieux et des pistes de solutions élaborés en concertation avec la population.
Après la pré-consultation dans presque tous les arrondissements de la ville, le processus de consultation a commencé en mai 2019, lorsque le document de référence a été présenté avec les demandeurs, et qu'un temps de questions-réponses a été accordé. En outre, la dernière semaine de mai, trois sessions thématiques (culture, emploi et profilage racial et social) ont eu lieu dans différents lieux accessibles, notamment un service de garde d'enfants gratuit sur place et un streaming en ligne.
C'est de juin à septembre 2019 qu'ont eu lieu les activités dites de "contribution citoyenne". Sur cette base, chaque citoyen de Montréal (+16 ans) a pu organiser sa propre consultation en téléchargeant un kit pour préparer une discussion en petit groupe et en envoyant ses contributions à l'Office. Ces sessions, adressées aux individus, aux entreprises, aux organisations communautaires, aux syndicats et aux associations, ont duré 2 heures 30 minutes chacune, comprenant 4 à 8 personnes (voir le guide ici).
Le 28 septembre 2018, cette étape s'est conclue par une activité dirigée par l'OCPM, structurée autour de discussions en petits groupes visant à trouver des solutions concrètes, innovantes et mobilisatrices.
Jusqu'au 17 novembre, la consultation s'est déroulée principalement en ligne. Cependant, elle a été combinée à 3 sessions d'information sur place, qui ont synthétisé les contributions des activités citoyennes et présenté les thèmes de la consultation en vue de l'audition d'opinion, qui a finalement eu lieu le 4 novembre 2019. Vous pouvez obtenir plus d'informations sur le processus et les événements ici.
Le rapport faisant suite au processus de consultation a été publié le 15 juin. L'une de ses principales conclusions est que la thématique la plus évoquée, tout au long du processus de consultation, a été le profilage racial et social. Les interventions ont mis en relief les sentiments d'atteintes à la dignité, la déshumanisation et la peur des forces de l'ordre à Montréal. La commission considère que le profilage sévit au sein du SPVM et qu'il constitue une violence dirigée envers certains groupes racisés et envers des personnes autochtones vivant à Montréal. Toutefois elle reste convaincue que ce phénomène va demeurer tant et aussi longtemps que la culture organisationnelle du service de police de Montréal ne sera pas fondamentalement remise en cause.
Le rapport met également l'accent sur le secteur de l'emploi : malgré plus de dix ans de plans d'action en accès à l'égalité en emploi, la proportion de personnes s'identifiant aux catégories minorité visible, minorité ethnique ou Autochtone embauchées comme cadre de direction à la Ville depuis 2016 est de 0%. Moins de 2% des cadres de direction déjà en poste s'identifient à ces catégories.
En ce qui concerne les inégalités territoriales, le rapport note qu'il existe grande concentration de personnes racisées dans les quartiers les plus pauvres qui reçoivent généralement moins d'investissements publics et de services municipaux. Ainsi, des situations qui semblent être des cas de profilage racial de jeunes dans certains quartiers pourraient en fait être des problèmes d'aménagement urbain et de logement. Selon le rapport, l'aménagement du territoire devient l'écho visuel des inégalités présentes à Montréal.
Le rapport propose 38 recommandations générales et thématiques pour guider les décisions de l'administration municipale vers un changement dans la lutte contre le racisme et la discrimination systémiques, en commençant par reconnaître la nature systémique du racisme et de la discrimination tout en développant les moyens de comprendre et d'agir sur les mécanismes qui sous-tendent ces phénomènes. Vous pouvez trouver ces recommandations à partir de la p. 110 du rapport complet.
Sources et informations complémentaires :